La folksonomie – une solution pour mon employeur

De nos jours, rares sont les entreprises qui n’ont pas accès à Internet.  En effet, le web a énormément changé les façons de faire, que ce soit au niveau du marketing, des communications, de l’approvisionnement, de la distribution ou de la gestion de l’information.  Tout comme ces entreprises, Internet ne cesse d’évoluer.  Il est maintenant indéniable que le web social, aspect important du Web 2.0, a transformé considérablement les manières traditionnelles de l’utiliser.  Nous n’avons qu’à penser aux pages statiques qui laissent de plus en plus leur place à des pages dynamiques, notamment grâce à l’usage des blogues, des wikis, des réseaux sociaux ou des agrégateurs.  Ce sont là de nouveaux outils qui commencent à être de plus en plus exploités, car ils apportent des perspectives que les outils traditionnels ne peuvent procurer.  L’un d’entre eux pourrait d’ailleurs s’avérer très intéressant pour mon employeur.

Depuis bientôt deux ans, j’occupe un poste au sein d’une organisation publique que je ne nommerai pas pour des raisons de confidentialité.  On y retrouve une multitude de départements qui, pour certains d’entre eux, dont les communications, ont recours au web social, particulièrement par le biais de divers réseaux sociaux.  Toutefois, nous nous attarderons plus spécifiquement sur l’unité dans laquelle je travaille (nous nous y référerons en l’appelant l’Unité).  De par la nature de ses activités, principalement axées sur la coordination des opérations, la plupart des outils du web social n’y apporteraient pas réellement de plus value, du moins pas pour le moment.  Néanmoins, la notion de folksonomie aiderait sans doute à régler un problème au niveau de la gestion de l’information et des connaissances.

Au cours des prochaines sections, nous verrons plus en détails le contexte de l’Unité, comment le concept de la folksonomie pourrait s’avérer intéressant et nous analyserons les impacts possibles sur une échelle de temps répartie comme suit : un an, cinq ans et vingt ans.

Situation actuelle de l’Unité

L’Unité a récemment été mise sur pied et elle est formée d’une petite équipe de douze employés.  Parmi eux, neuf sont âgés d’au moins cinquante ans.  On peut donc affirmer que l’Unité compte sur des gens fortement expérimentés, mais il y a tout de même certains soucis à l’horizon, car bon nombre de retraites sont imminentes à très court terme et aucun plan de relève n’est établi.  De plus, bien que la coopération soit très sentie, chacun des grands projets est confié à une seule personne selon son champ d’expertise.  Il y a donc beaucoup d’experts « uniques », ce qui fait que la transition des dossiers n’est pas évidente, puisque si un responsable de projet ne se présente pas, seul le directeur a une idée sur ce qu’il fait.

Un dossier commun sur le réseau est mis à la disposition des employés, pour que chacun puisse y partager des documents.  Toutefois, ce n’est réellement pas une pratique courante et un grand ménage s’impose dans les fichiers enregistrés.  Peut-être que le manque de cohésion et de logique dans la nomenclature n’incite pas trop à développer le réflexe d’y enregistrer ses documents.  Cela nuit donc à la circulation de l’information sur les activités se déroulant dans l’Unité et si une personne s’absente, nous n’avons pas accès à son ordinateur pour récupérer ses fichiers.  Selon Microsoft, ce chaos peut empêcher une entreprise d’utiliser l’information de manière adéquate, ce qui nuit au partage des connaissances, à l’amélioration des communications avec les clients et à l’accroissement de l’efficacité des processus [1].  Dans le contexte de l’Unité, ajoutons également un risque pour sa continuité, advenant le départ précipité à la retraite de plusieurs ressources clés.

Le problème de gestion de l’information et des connaissances est une lacune sur laquelle nous travaillons depuis quelque temps.  Dans le cadre du cours Web social donné à la Téluq, j’ai pris connaissance de la notion de folksonomie, expliquée en détails dans la prochaine section, et je me suis dit qu’elle pourrait représenter une solution efficace.

La folksonomie

La folksonomie est un outil très intéressant du web social qui facilite la gestion et le partage de l’information.  Le terme en tant que tel provient de l’anglais et combine les mots folk (le peuple, les gens) et taxonomy (la taxinomie ou classification hiérarchisée) [2].  Dans la théorie du web social, le professeur Sébastien Paquet explique que « l’usage de base consiste à sauvegarder des liens vers les pages qui nous intéressent dans un espace personnel qui réside sur un site web » [3].  Nous pourrions faire une comparaison avec le fait d’enregistrer des liens (signets ou « bookmarks ») dans ses « favoris », mais plutôt que de les enregistrer sur son ordinateur, on les enregistre sur Internet, ce qui permet d’y accéder de n’importe où.  Lorsqu’un lien est sauvegardé, l’utilisateur lui attribue une étiquette, communément appelée « tag », qui est en fait un mot clé (ou courte série de mots).  Ainsi, quand il fait une recherche dans ses signets, il peut les parcourir un à un, par exemple en ordre chronologique ou procéder en utilisant les étiquettes données, soit en écrivant leur nom dans une zone de recherche, soit en les faisant défiler.  Delicious et Diigo sont deux exemples de sites très reconnus pour l’étiquetage (« tagging »).  L’illustration ci-dessous est une copie de l’écran My Library du site Diigo.

Nous pouvons voir, dans la section principale, certains liens que j’ai étiquetés et décrits brièvement.  Ils sont classés en ordre de date.  Sous chaque lien, on remarque le(s) tag(s) que j’ai donné(s) (« Activité-remise », « À lire », « Travail final », etc.).  Il y a un champ de recherche au haut de l’écran permettant de chercher un signet par mot clé.  Sinon, dans la section de gauche, on voit les tags que j’ai utilisés le plus souvent.  En cliquant sur l’un d’entre eux, tous les liens correspondants s’affichent.  Par exemple, en cliquant sur le tag Billet, tous les articles que j’ai publiés sur mon blogue dans le cadre du cours Web social et que j’ai étiquetés Billet apparaissent, toujours en ordre chronologique.  L’image suivante le démontre:

Dans la partie gauche de l’écran, nous remarquons que tous les tags reliés au tag Billet sont proposés.  En fait, ces tags sont tous ceux que j’ai utilisés au moins une fois en même temps que Billet.  Ils permettent entre autre de raffiner la recherche.  Nous pourrions donc choisir de voir uniquement les billets référant au module 5 du cours.

Lorsqu’un système de tagging connaît du succès, il y a alors plusieurs utilisateurs interconnectés qui partagent des étiquettes et du contenu, ce qui rend la folksonomie encore plus captivante, car on peut profiter de l’intelligence collective.  Selon le livre Le management de l’intelligence collective – Vers une nouvelle gouvernance, l’intelligence collective se définit « comme la capacité à unir nos intelligences et nos connaissances pour atteindre un objectif ainsi que la capacité d’un collectif à se poser des questions et à chercher les réponses ensemble » [4].  Selon le professeur Sébastien Paquet, cette « mise en commun d’idées, d’efforts ou de ressources a ouvert des voies inédites à la coopération, la collaboration et la réussite de projets auparavant difficiles, voire impossibles à réaliser » [5].

Donc, comme le mentionne Gilles Balmisse dans son article Folksonomies, des applications possibles en entreprises [6], l’utilisation de folksonomies offre une nouvelle perspective à l’organisation de l’information pour en faciliter l’accès.  Deux types d’approches sont possibles.  Il y a tout d’abord la folksonomie d’utilisateurs, où ce sont les utilisateurs qui qualifient et organisent l’information de manière collaborative, ce qui leur permet entre autre de faciliter l’accès à l’information en utilisant leur propre vocabulaire et leurs centres d’intérêts.  Ainsi, si un article m’intéresse, je peux le sauvegarder en utilisant le tag qui me convient et je peux le partager afin de permettre à d’autres usagers ayant les mêmes intérêts que moi de le consulter.  L’autre approche est celle de la folksonomie d’auteurs.  Elle ressemble à celle axée sur les utilisateurs, mais cette fois-ci ce sont les auteurs qui étiquettent eux-mêmes leur contenu.  Ils doivent donc s’assurer de choisir des mots clés correspondant au vocabulaire des utilisateurs ciblés.  Par exemple, lorsque je rédige un billet sur mon blogue et que je décide de partager le lien sur Diigo, je choisis des tags représentatifs du sujet.

Plusieurs avantages sont associés à la folksonomie.  Dans l’article Folksonomies, des applications possibles en entreprises [7], outre le fait que les folksonomies fournissent de nouvelles façons d’organiser l’information, on mentionne aussi qu’elles peuvent être réalisées par des personnes appartenant aux mêmes directions, départements ou services et partageant le même vocabulaire et les mêmes besoins.  Leur dimension sociale permet aussi de cerner les centres d’intérêts des collaborateurs, ce qui aide, par exemple, à identifier des experts dans tel ou tel domaine.  (Krstic, 2009) [8] abonde dans le même sens en affirmant que « les folksonomies appliquées à l’environnement de l’entreprise, dans le cadre d’équipes spécifiques ou de projets spécifiques permettent une meilleure accessibilité à la formation, une meilleure pertinence des contenus, car les balises utilisées sont issues de personnes appartenant aux même directions, services et partagent le même vocabulaire et les mêmes besoins ».  Dans le cours Web social de la Téluq [9], on signale également que « plusieurs systèmes de tagging permettent à un récepteur non seulement de suivre le flux d’un utilisateur, mais aussi de surveiller le flux d’une étiquette: tous les items portant l’étiquette choisie sont présentés ».  Cela signifie qu’un utilisateur peut s’abonner (suivre) au contenu d’un utilisateur précis ou d’un tag précis.  Ainsi, un employé peut décider de suivre un collègue de travail afin d’être informé chaque fois qu’il sauvegarde un lien ou suivre une étiquette particulière et être mis au courant toutes les fois qu’elle est utilisée par un utilisateur.  Un autre avantage considérable se situe au niveau de la sécurité, puisque l’accès peut être public, privé ou restreint [10].  Ainsi, si un utilisateur préfère garder certaines informations pour lui, il peut le faire en les étiquetant de façon privée.  Même un groupe d’utilisateurs, par exemple le département d’une entreprise, peut être privé, ce qui fait qu’il est restreint uniquement à ses membres. Enfin, les folksonomies permettent un partage de l’information n’étant pas seulement orienté du haut vers le bas [11].  En effet, chacun peut partager du contenu susceptible de servir autant à un dirigeant qu’à un employé de soutien.  La transmission des connaissances est donc beaucoup plus propice de cette façon.

Évidemment, il n’y a pas que des avantages associés à la folksonomie.  (Balmisse, 2008) [12], indique que les principaux inconvénients proviennent de la liberté qui est donnée aux utilisateurs.  Il déplore le fait qu’il n’y a pas de contrôle et que l’absence de traitements linguistiques sur les tags peut entraîner des problèmes de cohérence.  Par exemple, l’emploi du singulier ou du pluriel n’est pas normalisé.  Donc, si un utilisateur donne l’étiquette « Finance » et qu’un autre préfère « Finances », le système interprétera ces deux mots clés comme étant différents, alors qu’en fait ils signifient la même chose.  De plus, les fautes d’orthographe ne sont pas corrigées automatiquement, ce qui risque de relayer aux oubliettes du contenu pertinent si l’utilisateur se trompe, par exemple en tapant « Fianance ».  Enfin, un même tag utilisé par plusieurs individus peut avoir une signification différente pour un autre individu.  Par exemple, un collègue pourrait employer le mot « Article » pour désigner des articles de journaux pertinents, alors qu’un autre pourrait plutôt faire référence à des nouveaux produits, comme des articles de bureau.  Il est donc important de choisir des mots représentatifs du sujet et d’apposer plus d’une étiquette si plusieurs synonymes existent.

Ce bref survol de la folksonomie nous aidera à déterminer comment elle pourrait être bénéfique pour l’Unité.

Bénéfices de la folksonomie pour l’Unité

L’idée serait de développer, sur l’Intranet, un système empruntant les concepts de la folksonomie.  Chaque employé de l’unité aurait un profil contenant les informations que nous retrouvons habituellement dans le répertoire de l’organisation : nom, prénom, titre, unité administrative, adresse de l’unité, téléphone, télécopieur et adresse courriel.  Il serait intéressant d’ajouter les fonctions antérieures de l’employé, s’il y a lieu, car cela aiderait à mieux évaluer son expertise et à comprendre ses champs d’intérêts.

Grâce à cette application, les membres de l’Unité pourraient partager facilement des documents (rapports, articles de journaux pertinents, études diverses, documents de travail, photos, vidéos, etc.) qu’ils conservent habituellement dans leur ordinateur personnel.  Ils n’auraient plus à se poser des questions à savoir dans quel dossier commun les classer, puisqu’ils n’auraient qu’à les étiqueter et à cliquer sur « Enregistrer en mode privé » ou « Enregistrer en mode partage ».  La recherche d’informations serait elle aussi plus facile, car au lieu d’ouvrir les dossiers un à un pour trouver un document, l’employé n’aurait qu’à procéder avec les tags et l’information serait accessible de n’importe quel ordinateur branché à l’Intranet.  Toutefois, pour contrer le problème d’ambiguïté au niveau des tags, il faudrait exiger l’utilisation de certains termes communs, par exemple le nom de la division, une thématique (finance, marketing, opérations, etc.) et ensuite l’étiquette désirée.  Un bon exemple est celui du cours Web social de la Téluq.  Dans l’une des activités, les étudiants doivent rédiger, sur leur blogue, des billets touchant aux divers modules abordés dans le cours.  Lors du partage de ces billets sur Diigo, certaines règles sont à respecter pour permettre au professeur de les retrouver facilement.  Ainsi, si l’élève partage un article associé au module 4, il doit l’étiqueter comme suit : Activité-C (nom de l’activité), Billet, Module-4 et les tags de son choix reflétant le sujet traité.  Le professeur a alors l’option de rechercher par les tags Activité-C ou Billet (qui afficheront tous les billets écrits par les étudiants), par module ou de consulter les articles d’un élève en particulier en visitant sa page personnelle.

Selon moi, l’utilisation de la folksonomie contribuerait réellement à la gestion de l’information et des connaissances au sein de l’Unité, ce qui assurerait sans aucun doute une meilleure préparation de la relève.  Tel que mentionné dans la section sur le contexte de l’Unité, trop d’employés s’occupent individuellement de dossiers majeurs et cette situation n’est pas du tout souhaitable et propice pour la continuité de l’Unité, surtout sachant que plus de 75% des effectifs devraient se retirer d’ici environ 5 ans.  L’application inspirée de la folksonomie devrait donc être implantée avec l’objectif de créer le lieu de référence en ce qui concerne les activités de l’Unité.  La bible de l’Unité finalement!

Évidemment, le projet ne se réaliserait pas sans la volonté et la participation des membres de l’équipe, mais s’il est bien planifié et introduit, je ne vois pas pourquoi il ne recevrait pas un minimum de considération.  Après tout, la folksonomie a fait ses preuves dans d’autres organisations, dont IBM, qui a développé une application intitulée Dogear, un service de signets sociaux dédié aux entreprises et accessible via le système Lotus Connections [13].  En résumé, Dogear permet aux employés d’étiqueter des liens sur l’Intranet et de trouver des experts dans divers domaines grâce à un accès au répertoire de l’entreprise.  Ils peuvent ainsi consulter les signets sociaux de cet expert, consulter son blogue (s’il en a un) et le contacter au besoin.  Cela incite notamment à la collaboration et au partage de ressources au sein de la compagnie.

Les deux images ci-dessous [14] donnent un bon aperçu des écrans de l’utilisateur.  La première représente l’écran principal.  On y voit les liens publics partagés.  Notons la ressemblance avec le site Diigo, présenté plus haut.

La deuxième image présente, quant à elle, la fenêtre qui s’ouvre lorsqu’un utilisateur décide de sauvegarder un lien.  Il doit inscrire le titre, une brève description de l’élément enregistré, l’adresse du lien et un (ou des) tag(s).  Il peut aussi choisir de partager le signet ou de le garder privé.

Le fait qu’une entreprise de l’envergure d’IBM s’intéresse à la folksonomie et qu’elle l’impose à ses employés démontre, selon moi, le grand potentiel du concept.  Voyons comment l’implantation et l’utilisation pourraient se faire pour l’Unité et éventuellement à l’ensemble de l’organisation, sur une échelle d’un an, cinq ans et vingt ans.

Vision sur une échelle de temps

Un an

Si le projet se concrétisait dans l’Unité, la première année serait consacrée au développement de l’application et à son implantation.  Tel qu’expliqué précédemment, la moyenne d’âge est relativement élevée, alors il y aura assurément de la réticence au changement.  De plus, le dossier commun en place est très peu utilisé.  Les employés ne semblent pas réellement enclins à partager leurs contenus, donc leurs connaissances du même coup.  Quelques scénarios possibles peuvent expliquer cette réserve : manque de cohérence dans le dossier, un élément déjà soulevé plus haut, mais aussi crainte d’utiliser l’informatique, désir de simplifier les interactions au maximum, oubli de partager les documents ou manque d’intérêt à divulguer des informations par peur de perdre un certain « avantage concurrentiel » à l’égard des autres employés.

Il faut donc que l’idée de la folksonomie soit bien vendue aux membres de l’Unité afin qu’ils saisissent l’importance de partager l’information dans le but de développer une certaine forme d’intelligence collective.  Bien que l’objectif soit d’étiqueter du contenu professionnel relié au domaine d’expertise de l’Unité, peut-être que de permettre un tag Blagues, ou quelque chose du genre, servirait d’attrait au départ et pourrait aider à développer le réflexe de partager du contenu ou d’en consulter.

Cinq ans

Si l’implantation se déroule bien et que les employés de l’Unité participent, l’application devrait sans doute être étendue au sein de l’organisation et peut-être même aussi chez divers partenaires stratégiques externes.  Chaque département ou partenaire pourrait avoir son propre groupe distinct.  Comme nous l’avons vu dans la section expliquant la folksonomie, un groupe peut décider de partager seulement une partie du contenu avec les autres groupes.  L’illustration suivante représente le groupe du cours Web social de la Téluq.  Nous voyons que des informations ont été partagées par différents élèves.  La section de droite affiche toutes les personnes inscrites au groupe ainsi que les tags les plus populaires.

Un étudiant peut consulter le profil des autres étudiants et partager du contenu dans le groupe.  Comme par exemple, lorsque je rédige un article sur mon blogue, je sauvegarde plusieurs sources sur mon compte personnel et je partage mon billet avec l’ensemble du groupe une fois qu’il est complété.  Si l’étudiant visite mon profil, il aura aussi accès à mes sources (si elles ne sont pas marquées comme étant privées).

Ce principe pourrait être utilisé pour l’ensemble de l’organisation, qui pourrait éventuellement compter sur une méga base de connaissances.  La possibilité d’avoir un blogue pourrait aussi être envisagée.  Des experts auraient l’opportunité de traiter de leur domaine ou de donner de la formation en ligne.  Ainsi, si je lis le billet d’un employé d’un autre département que je trouve pertinent, je pourrais le partager avec les employés de mon unité.  Grâce à la folksonomie, le type de contenu pouvant être partagé est pratiquement illimité, il serait même envisageable qu’une base de données technique du type wiki soit développée avec la participation des employés.  Le tout pourrait ensuite être étiqueté et partagé sur l’application lorsque des mises à jour ou des ajouts sont faits.  Un autre élément super intéressant, sur une échelle de cinq ans, serait de concevoir un agrégateur interne, qui permettrait aux employés de suivre le contenu partagé par les autres.  Cet agrégateur pourrait aussi servir pour d’autre types de publications, comme des communiqués internes ou des affichages d’emplois.

Outre le développement interne, puisqu’il s’agit d’une organisation publique, il serait pertinent de consacrer un volet au partage de documents publics.  Ainsi, les gens de l’externe pourraient les consulter, sans toutefois avoir accès au profil de la personne qui les a publiés.  Il faudrait créer un profil spécial qui serait idéalement mis à jour par le département des communications.  C’est également ce département qui serait responsable de s’assurer que ce qui est partagé à l’extérieur n’affecte pas la réputation de l’organisation.  Un fil web (RSS) permettrait aussi aux personnes intéressées d’être informées continuellement des mises à jour.  Un internaute pourrait même avoir l’option de suivre un département particulier de l’organisation.  Enfin, l’opinion du public étant importante, chaque élément sauvegardé devrait être accompagné d’une zone de commentaires.

Il s’agit évidemment de grandes idées, mais potentiellement réalisables sur une échelle de cinq ans, malgré la taille de l’organisation.  Il faudrait toutefois beaucoup de volonté des dirigeants pour y parvenir!

Vingt ans

La technologie évolue tellement rapidement qu’il est déjà difficile de prévoir ce qui adviendra dans un an, alors prédire vingt ans représente un grand pari!  Dans le cours Web social, on dit que « le futur passe par les machines, comme adjuvant à notre réussite collective ou par le groupe, comme force émergente pour nous guider » [15].  En effet, bien que le Web 2.0 soit toujours en progression, on parle de plus en plus de la prochaine version, le web sémantique.  Selon le site Futura-Techno, le but est d’en « arriver à un Web « intelligent », où les informations ne seraient plus stockées, mais « comprises » par les ordinateurs afin d’apporter à l’utilisateur ce qu’il cherche vraiment » [16].  L’auteur Mohamed Raouf Ghali donne un exemple illustrant bien cette définition : « Je veux référencer mon site chez une boîte dans le secteur de l’île de Montréal. J’ai un budget de 2000$.  Le système de web sémantique apportera des réponses complètes et immédiates à de telles requêtes » [17].  Donc, l’utilisateur n’aurait plus besoin de consulter plusieurs sites à l’aide d’un moteur de recherche, comme Google, pour trouver des réponses, puisque le web serait assez performant et « intelligent » pour analyser une multitude de sources et donner des solutions convenables.  Je persiste tout de même à croire que le besoin de consulter des documents perdurera, car il est toujours bon de se faire une idée par soi-même.  Peut-être qu’une personne peut préférer une autre solution que celle que l’ordinateur lui proposerait.  Prenons l’exemple de Google Map, l’itinéraire donné n’est pas toujours celui qui correspond à nos besoins.

Maintenant, qu’adviendra-t-il de la folksonomie avec le web sémantique?  Dans le billet Folksonomie & web sémantique ne sont pas antinomiques, l’auteur suppose que « la combinaison du sémantique avec la folksonomie n’entachera en rien la réaction actuelle de l’utilisateur face à un système de recherche… Le web sémantique ne fera qu’ajouter une couche supplémentaire à la compréhension et au traitement automatique de l’information » [18].  Ainsi, le web sémantique permettrait de compter sur des outils complémentaires pour faciliter la recherche, mais il n’éclipserait pas la folksonomie.  La recherche se ferait plus facilement et rapidement, car l’employé pourrait se fier à son ordinateur pour obtenir des pistes de solutions sur divers sujets sans devoir parcourir lui-même tous les liens sauvegardés sur l’application.  Toutefois, le principe d’étiquetage demeurerait le même pour le partage d’un document.

Dans cette optique, nous pouvons supposer que si l’organisation, et plus précisément l’Unité, décide de développer une application basée sur la folksonomie, ce sera pour du long terme.  Il y aura sans doute des modifications dans les façons de faire et dans les interfaces des utilisateurs, mais la base restera la même.

Conclusion

Au cours des sections précédentes, nous avons présenté le concept de la folksonomie, qui consiste, en résumé, à sauvegarder le lien de diverses formes de contenu sur une plateforme hébergée sur le web.  En d’autres mots, l’étiquetage (« tagging ») de signets sociaux (« bookmarks »).  L’utilisateur peut alors décider de partager ou non ces informations.  Par la suite, nous avons tenté de démontrer comment la folksonomie pourrait représenter une solution pour l’unité dans laquelle je travaille (l’Unité), afin de régler le problème de partage de documents, qui crée un obstacle à la circulation de l’information et des connaissances, notamment pour préparer la relève, sachant que plus de 75% des effectifs devraient se retirer d’ici les cinq prochaines années.

Comme le souligne Joshua M. Avery, les folksonomies et l’étiquetage sont encore jeunes, mais leur impact sur le développement du web est très grand [19].  Des entreprises renommées, telles que IBM, ont même développé et implanté des applications inspirées de la folksonomie pour assurer un meilleur partage des informations et une meilleure collaboration lors de la réalisation de divers projets.  Évidemment, il y a certaines failles associées à la folksonomie, comme l’ambiguïté de certains tags ou l’incapacité des systèmes à reconnaître les fautes d’orthographe, mais si des règles sont exigées pour le choix des tags de base, l’information ne devrait pas se perdre.

Je crois donc fortement que l’Unité devrait opter pour cet outil du web social et démontrer au reste de l’organisation qu’elle est avant-gardiste.  Comme nous l’avons déjà soulevé, la technologie ne cesse d’évoluer et la solution parfaite pour le partage de l’information n’existe pas encore, il ne faut donc pas l’attendre pour agir.  Il y a vingt ans, Internet n’en était qu’à ses premiers pas et aujourd’hui, les entreprises ne pourraient plus s’en passer.  Elles se sont adaptées pour constamment tirer avantage des nouvelles façons de faire.  Alors si une organisation éprouve des ennuis pour gérer ses informations et ses connaissances avec les méthodes traditionnelles, la folksonomie détient des atouts qui ne peuvent être ignorés et représente une solution intéressante.

Notes bibliographiques :

[1] Microsoft, Business & Industry.  Gestion du contenu d’entreprise. Consulté le 11 août 2010: http://www.microsoft.com/canada/fr/business/peopleready/bizinfra/solutions/ecm.mspx

[2] Wikipédia.  Folksonomie. Consulté le 12 août 2010 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Folksonomie

[3] PAQUET, Sébastien.  INF 6107 – Le Web social, module Folksonomie et filtrage collaboratif. Été 2010

[4] ZARA, Olivier.  Le management de l’intelligence collective – Vers une nouvelle gouvernance. Éditions M21, 2008, 236 pages.  Consulté le 12 août 2010 : http://books.google.ca/books?id=NvtoLMmHbKkC&printsec=frontcover&dq=intelligence+collective&source=bl&ots=1Co_rFcUsO&sig=dvxb1rwW-WsbaQzyIUmUzuXX8T8&hl=fr&ei=IxlkTNeNNYH48AaIuKneCg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBwQ6AEwADgK#v=onepage&q&f=false

[5] PAQUET, Sébastien. INF 6107 – Le Web social, module Impacts sociaux et organisationnels du web social. Été 2010

[6] BALMISSE, Gilles.  Folksonomies, des applications possibles en entreprises.  KapIT – Blog Web2Entreprise, Technologies et Usages de l’Entreprise 2.0, 7 mars 2008.  Consulté le 12 août 2010 : http://blog.kapit.fr/w2e/2008/03/07/folksonomies-des-applications-possibles-en-entreprise/

[7] Voir [6]

[8] KRSTIC, Milena. La folksonomie, au service des Intanet.  Nouveaux usages et TIC – Le blog des consultants, 27 août 2009.  Consulté le 13 août 2010 : http://blog.useo.net/2009/08/la-folksonomie-au-service-des-intranet/

[9] Voir [3]

[10] Voir [3]

[11] AVERY, Josuah M.  The Democratization of Metadata: Collective Tagging, Folksonomies and Web 2.0. Library Student Journal, février 2010.  Consulté le 13 août 2010: http://www.librarystudentjournal.org/index.php/lsj/article/view/135/268

[12] Voir [6]

[13] FEINBERG, Jonathan et MILLEN, David R. Project : Dogear. IBM Watson Research Center.  Consulté le 14 août 2010: http://domino.watson.ibm.com/cambridge/research.nsf/0/1c181ee5fbcf59fb852570fc0052ad75

[14] IBM. Lotus Connections.  Consulté le 14 août 2010 : http://www-01.ibm.com/software/lotus/products/connections/dogear.html

[15] Voir [5]

[16] Futura-Techno. Web sémantique.  Consulté le 14 août 2010 : http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/internet-2/d/web-semantique_3993/

[17] RAOUF GHALI, Mohamed, Le web sémantique : Le web de demain, mais quand?, Les Systèmes Innomatiques, 22 septembre 2009.  Consulté le 14 août 2010 : http://www.innomatiques.com/blogreferencement/le-web-semantique-le-web-de-demain-mais-quand

[18] DECLERCQ, Sébastien.  Folksonomie & web sémantique ne sont pas antinomiques.  Des Tics au Tac, 1er mars 2010.  Consulté le 11 août 2010 : http://sebdeclercq.wordpress.com/2010/03/01/pourquoi-folksonomie-web-semantique-ne-sont-pas-antinomiques/

[19] Voir [11]

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